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Article publié également sur Agoravox

10 Juin 2008, ce matin, mon véhicule, qui consomme 7 l. aux 100, me coûte juste un peu moins que 252 € à la pompe. Je paie et rentre au ralenti, pour ne pas trop consommer. J’utilise ma voiture pour le transport des choses lourdes, et pour mes déplacements indispensables que je ne peux effectuer en transports en commun ou à vélo. Depuis 9 ans maintenant, j’ai fait le pari de réorganiser toute ma vie pour ne pas subir le coût du pétrole. Cela n’a pas été simple, et j’ai dû changer de comportement dans bien des situations. Il m’a fallu réapprendre à me déplacer, réapprendre à consommer, imaginer des vacances différentes, changer de loisirs, en un mot: changer de vie. Ce matin le gasoil est à 4,19€/l. à la pompe….

Cette histoire, fictive, pourrait être vraie et m’est inspirée par un calcul que j’ai fait ce matin en constatant une fois de plus que le prix du gasoil avait augmenté à la pompe.

Le calcul est simple, voici les ingrédients :

  • le cours du baril de Brent, en moyenne annuelle(1) en 1999 : 17.92€/baril, en avril 2008 : 109.07$/baril, soit plus de 6 fois plus – il est aujourd’hui à 139$/baril.
  • le prix TTC moyen du gasoil en France aux 2 mêmes dates (2) : en 1999 : 0.69€TTC/l, en 2008 : 1.29€/l, soit 1.8 fois plus cher.

Cherchez l’erreur, le baril de pétrole est multiplié par 6, et le litre de gasoil par 1.8 seulement.Si l’augmentation du prix du baril de pétrole avait été répercutée directement sur le litre, nous paierions 4.19€/l. le gasoil ! Heureusement, la mécanique mondiale n’est pas aussi simple.

Durant la même période, nous sommes passés du Franc à l’euro. Le dollars et passé de 0.94€ à 1.58€, soit une progression de 68% de notre monnaie sur le dollar. Donc un plus grand pourvoir d’achat sur les produits en Dollars. Grâce à cela semble-t-il la flambée des prix est contenue. Pour combien de temps ? L’inversion de la tendance €/$ va-t-elle effectivement faire augmenter dans les mêmes proportions notre litre de gasoil ? Je suis inquiet.

Les technologies « vertes » et les sources d’énergies « recyclables » ou « naturelles » balbutient et sont encore loin d’apporter une solution viable et efficace au problème gigantesque qui se pose à l’humanité : le manque de ressources pétrolières. Ce ne sont pas 156 000 véhicules « propres » en France (Biocarburation + GPL + Electricité seule, sans compter Electricité-Essence, sur 31 002 304 véhicules au total, soit 0.50% du parc) (3) qui vont faire reculer la consommation de gasoil.

Malgré toutes les recherches depuis des dizaines d’années, nous n’avons pas encore de solution de remplacement au pétrole, et je crois même que nombre de dirigeants de pays ou d’organisations mondiales se satisfont de cette situation. Après tout, ils ne seront plus la lorsque le pétrole viendra à manquer ! C’est de l’irresponsabilité pure et simple. Le problème actuel ne s’est pas créé en un seul jour et il est difficile de croire que les hommes n’aient pas depuis longtemps compris le problème auquel ils vont devoir faire face.

Il s’agit de se gérer, de bien se gérer ! Une gestion en bon père de famille voudrait que dès lors que l’on pressent une pénurie sur un bien, on en fasse des réserves et que l’on en restreigne la consommation, voire que l’on cherche activement une alternative, ou que l’on apprenne à s’en passer… C’est bien la que le scénario de départ intervient.

Si le gasoil était déjà à 4,16€/l, je ne prendrais plus ma voiture, car incapable d’en assurer le plein toutes les semaines.

Imaginons un instant l’impact que cela aurait, et continuons le scénario de départ, mais en reprenant au début.

1999, le pétrole est à 69cts€/l, l’OPEP annonce qu’il aura disparu en 2008. L’économie s’affole. En un an le gasoil est passé à 5€/l. Tout le monde cherche des solutions. Les vélos sont de sortie. Les transports en commun pris d’assaut. Les supermarchés moins bien achalandés, moins souvent. Les prix des produits importés flambent. Les livraisons des colis ne se font plus à votre porte, vous allez les chercher à la poste. La pizza ne monte plus les étages toute seule, vous allez la chercher en vélo. Vous perdez rapidement votre emploi car vous ne pouviez plus vous y rendre, trop cher. Vous retrouvez un autre emploi plus proche de chez vous, mais qui n’a rien à voir avec votre formation professionnelle d’origine. Vous amenez vos enfants à l’école à pieds, cela vous prend 1h, et vous donne l’occasion de rencontrer d’autres parents. Vous cessez de fumer, car vous êtes facilement essoufflé lors de vos longues marches pour assurer vos courses quotidiennes. Vous faites la connaissance de votre voisin. La solidarité entre voisins se resserre. « Pouvez-vous me rapporter une baguette en passant devant la boulangerie ? ». Les commerces de proximité retrouvent le sourire. Une plus grande place est faite aux produits locaux. La pollution diminue très fortement dans les centres villes, les personnes âgées osent ressortir dans les parcs. Petit à petit toute l’économie se réinvente, se resserre. Votre silhouette s’affine car vous faites beaucoup d’exercices physiques (marche, vélo, trottinette, rollers…). Les déplacements en voiture sont murement réfléchis. La baisse de circulation fait diminuer les accidents. Nous sommes en 2008, vous avez retrouvé un équilibre dans votre vie.

Ce scénario, complètement fictif, peut paraître utopiste, je le conçois. Il sera peut-être réalité dans moins de 10 ans, lorsque le litre de pétrole sera à 5€ et que presque personne ne pourra se permettre de l’acheter !

Alors, finalement, vous préférez quoi, un pétrole cher ou pas ?

Mes sources :

(1) – http://www.industrie.gouv.fr/

(2) – http://www.industrie.gouv.fr/

(3) – http ://www.statistiques.equipement.gouv.fr/